Couvent des Jacobins
Piano nouvelle vague
Par Serge Chauzy
Le mois de septembre renoue enfin avec le Festival International Piano aux Jacobins qui sonne la reprise de la vie musicale toulousaine avec sa 42ème édition. Au fil des ans, le Festival a noué des liens privilégiés avec certains interprètes. Ainsi en est-il avec la jeune et grande pianiste américaine Simone Dinnerstein, dont la crise sanitaire avait empêché la venue l’an dernier, pour la soirée inaugurale d’une 42e édition qui se clôturera avec Elisabeth Leonskaja, figure tutélaire du Festival.
Simone Dinnerstein © Lisa Marie Mazzucco
Entre ces deux rendez-vous attendus, Piano aux Jacobins – dont on sait la profonde curiosité envers les jeunes interprètes – est heureux de présenter à nouveau des artistes qu’il a soutenus lors de ses tournées en Chine et au Japon : Marie-Ange Nguci, Nathanaël Gouin et Célia Oneto Bensaid.
Piano aux Jacobins a été l’un des premiers à programmer Alexandre Kantorow (dès 2015 !), bien avant sa consécration au Concours Tchaïkovski. On le retrouve avec joie cette année, tandis qu’une autre découverte marquante se profile avec la venue du jeune israélien Tom Borrow.
Alexandre Kantorow © Sasha Gusov
De cette génération riche de personnalités remarquables le Festival accueille à nouveau Vadym Kholodenko et Matan Porat. La fidélité à la grande école française de piano se traduit quant à elle par la présence d’Emmanuel Christien, Varduhi Yeritsyan et Célimène Daudet.
Le piano jazz sera comme toujours célébré : la présence de Shai Maestro en solo et de Dan Tepfer promet de combler tous les passionnés du genre.
C’est une fois encore Axel Arno qui illustre à nouveau l’affiche du Festival, avec une large part de ciel bleu pour retrouver « l’instinct de ciel en chacun » lors de ces concerts.
Dan Tepfer © Josh Goleman
Tous les récitals toulousains débuteront à 20 h dans le mythique Cloître des Jacobins.
Mercredi 8 : Simone Dinnerstein
Couperin – Schumann – Glass – Couperin – Satie – Schumann
Jeudi 9 : Vadym Kholodenko
Bach – Beethoven – Rachmaninov
Vendredi 10 : Tom Borrow
Chopin – Shostakovich – Prokofiev
Samedi 11 : Dan Tepfer
Carte Blanche Jazz
Mardi 14 : Alexandre Kantorow
Brahms – Liszt – Brahms
Mercredi 15 : Célimène Daudet
Liszt – Scriabine – Liszt – Franck
Jeudi 16 : Emmanuel Christien
Haydn – Beethoven – Chopin – Séverac – Debussy
Vendredi 17 : Shai Maestro
Carte Blanche Jazz
Lundi 20 : Marie-Ange Nguci
Scriabine – Froberger – Beethoven – Ravel – Rachmaninov
Mardi 21 : Varduhi Yeritsyan
Liszt – Scriabine – Liszt – Scriabine – Liszt – Scriabine
Mardi 22 : Matan Porat
Six parties autour du Carnaval Op. 9 de Schuman
Jeudi 23 : Nathanaël Gouin
Mendelssohn – Fauré – Pierné – Vierne – Franck/Bauer – Franck
Vendredi 24 : Elisabeth Leonskaja
Mozart – Schubert –Brahms
Elisabeth Leonskaja © Marco Borggreve
A Saint-Orens/Altigone à 16 h aura lieu le récital suivant :
Dimanche 26: Célia Oneto Bensaid
Glass – Ravel – Pépin – Ravel – Glass – Ravel
une chronique de ClassicToulouse
Le Couvent des Jacobins, ancien couvent des Frères Prêcheurs, est un magnifique exemple de construction monastique des XIIIe et XIVe siècles, entièrement réalisé en briques, véritable joyau de l'art gothique languedocien.
L'église est un monument exceptionnel empreint d'une profonde harmonie qui, en réalité, n'est qu'apparence. Cette très forte impression d'unité dissimule, de fait, une construction compliquée, réalisée en étapes successives qui répondaient à des besoins sans cesse renouvelés de l'Ordre des Frères Prêcheurs alors en pleine expansion.
Le contraste est spectaculaire entre l'aspect massif, voire austère, de l'extérieur et l'extraordinaire légèreté de l'architecture intérieure : une double nef est séparée par des colonnes de vingt-deux mètres de haut, d'où jaillissent, portées à vingt-huit mètres, des voûtes d'ogives qui se terminent par le rayonnement des nervures du gigantesque et célèbre palmier.
Des couleurs chatoyantes, habilement réparties entre valeurs froides et chaudes, font vibrer l'édifice sans nuire au rigoureux agencement des volumes et des surfaces. Cette atmosphère lumineuse reflète les aspirations d'une nouvelle génération de Frèrers Prêcheurs qui tout en respectant la volonté d'humilité de Saint Dominique, fondateur de leur ordre, imposent dans le dernier quart du XIIIe siècle, une esthétique nouvelle.
Les bâtiments monastiques de l'ancien couvent s'agencent selon un schéma qui a su se libérer de la stricte ordonnance des constructions de la période romane, édifiées sur le plan-modèle de l'abbaye de Saint
La salle capitulaire, le réfectoire, la sacristie ainsi que la petite chapelle funéraire, dédiée à Saint Antonin et décorée d'un ensemble de peintures murales du XIVe siècle unique à Toulouse, s'organisent autour du grand cloître, orné d'élégantes colonnettes et de chapiteaux en marbre à décor floral et animalier où s'illustre une production d'ateliers locaux que l'on retrouve dans les cloîtres bâtis à la même époque à Toulouse.
Le réfectoire, dans lequel sont organisées des expositions de prestige telle "Toulouse, sur les chemins de Saint Jacques" est un des plus amples qui ait jamais existé dans l'architecture monastique. C'est un splendide vaisseau long de 60 mètres, recouvert d'une charpente lambrissée, baigné de lumière qui pénètre par des baies à lancettes trilobées. Cette belle construction, décorée de motifs géometriques du XVe siècle, a été édifié sous le priorat du Frère Loup et achevée avant la Noël de 1303. C'est là que Gaston Phébus offrit un banquet fastueux au roi Charles VI et à sa suite lors de leur venue à Toulouse à la fin du XIVe siècle.
Aux origines du Couvent des Jacobins (Claire Eckersley)
Une visite impromptue aux Jacobins (Anna Van Rhijn)
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